Nous sommes surpris concernant le choix du Conseil synodal de soutenir publiquement et unilatéralement le « Mariage pour tous » sur le site de l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV).
Nous sommes surpris parce que nous espérions que le nouveau Conseil synodal chercherait à mieux respecter les divers courants théologiques au sein de notre Église. Or nous constatons qu’une seule position est présentée dans les vidéos qui sont diffusées en première page du site de l’EERV, contrairement à ce qui est annoncé :
« Depuis octobre 2020 le Groupe Église Inclusive a un mandat du Conseil Synodal pour diffuser une information impartiale et objective sur le Mariage pour Toutes et Tous. »
Cet engagement militant en faveur du Mariage pour tous nous semble manquer de respect pour la large diversité présente dans notre Église. Cette prise de position choque non seulement le courant évangélique, mais d’autres courants présents dans le Rassemblement pour un Renouveau Réformé (R3).
Nous estimons en effet qu’une grande partie des paroissiens actifs dans notre Église est mal à l’aise avec ce positionnement. Un sentiment diffus les incite à refuser, mais ils n’arrivent pas à le formuler, car ils sont muselés par le « politiquement correct ».
Pour mémoire, nous rappelons le résultat de la consultation des paroisses de l’EERV au sujet de l’homosexualité. Le rapport du CS de l’époque constate : « Un consensus très large (quasi-unanimité) se dessine quant au refus de cérémonies de mariage pour des couples homosexuels. Le langage exprimant le refus est particulièrement vif et tranché. Il n’est pas rare de voir des précisions disant que ce refus vaut pour toute cérémonie quelle qu’elle soit » (Rapport du Conseil synodal sur l’homosexualité, 26 novembre 2007, p.8).
Pour mémoire encore, nous rappelons la décision du Synode du 22 juin 2013, qui a modifié ainsi l’article 274 du Règlement ecclésiastique :
« La bénédiction de mariage est l’invocation de la bénédiction divine sur un homme et une femme mariés à l’état civil ».
Pour mémoire toujours, nous rappelons trois textes qui ont reçu un large soutien :
D’abord, la « Déclaration de Cugy » signée par plus de 3’000 membres de notre Église au lendemain de la décision du synode de novembre 2012 qui avait décidé d’autoriser la bénédiction des couples de même sexe.
Puis la « lettre ouverte » destinée à l’Assemblée des délégués de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) de novembre 2019. Cette lettre a recueilli en deux semaines plus de 6000 signatures de paroissiens réformés.
Enfin la « Déclaration sur le mariage pour tous dans l’Église » qui rappelle l’autorité des Écritures. Elle a été signée par plus de 200 pasteurs et théologiens des diverses Églises réformées de Suisse, suite aux prises de position de la FEPS. Le R3 y a aussi contribué.
Pour un authentique respect de la diversité – exigence fondamentale d’une approche inclusive – nous demandons au Conseil synodal donc d’adopter un positionnement plus nuancé, qui tienne compte de la réalité du terrain.
D’autre part, puisqu’il affirme son « devoir d’unité en organisant le débat », nous demandons instamment d’inclure, de manière équitable, des personnes qui sont d’un autre avis que le groupe « Église inclusive », dans la tournée cantonale d’information qu’il prévoit en septembre.
Cela nous semblerait plus cohérent…
… avec le passé récent de l’EERV et tous les débats qui ont agité notre Église entre 2008 et 2013,
… avec la pratique de notre Église de respecter la pluralité des interprétations,
… avec les axes stratégiques que le CS a choisis, en particulier l’accent sur l’enfance et les familles.
Nous n’ignorons pas que la nouvelle loi sur le mariage (pour tous !) cherche à corriger une inégalité entre couples hétéro- et homosexuels mais qu’elle en crée deux nouvelles : entre les couples de femmes et les couples d’hommes (ces derniers n’ayant pas accès à la procréation assistée). Puis, surtout, entre les enfants qui auront une maman et un papa et ceux qui ne pourront pas bénéficier de cette altérité voulue dès l’origine par notre Créateur.
A ce sujet nous partageons l’avis de Suzette Sandoz, ancienne conseillère nationale et membre du synode qu’« en donnant l’impression que le seul problème à résoudre est l’égalité entre les goûts sexuels justifiant le mariage pour tous sans y lier immédiatement – comme l’a fait le législateur – la question du droit à l’enfant pour tous, l’Église trompe son monde. Elle fuit la clarté, elle entretient la confusion, cette confusion qui a, autrefois, contribué à « faire de la Maison de Dieu une caverne de voleurs ». (Réformés, 14 juin 2021).
Rassemblement pour un Renouveau réformé
Martin Hoegger Président de l’assemblée | Gérard Pella Président du comité |