Ces dernières années, le R3 a prêté avec conviction sa voix aux diverses initiatives qui cherchent à mettre en valeur le Jeûne Fédéral. Cette année, nous étions nombreux à la Cathédrale de Lausanne dimanche 15 septembre pour célébrer le Seigneur. Le message apporté par Gilles Geiser, pasteur à Aigle, nous a interpellés.Il exprime très simplement et très profondément le sens de la metanoia/repentance et de l’intercession qui caractérisent cette journée solennelle.

Le monde dans lequel je vis est un monde qui cherche à gommer les différences. La culture dans laquelle je vis est une culture qui cherche à éluder les différences.

Parce qu’elles nous énervent. Ça m’énerve que ma femme soit si différente de moi ! … et elle pareil !
Elles nous énervent, nos différences, elles nous irritent, elles nous scandalisent parfois.

Parce qu’elles nous rappellent qu’on a été créés différents.
Alors on nivelle, on gomme, on fait du semblable. Entre les sexes, entre les genres, entre les différentes manières de penser.

C’est notre monde, c’est notre culture, et ça m’impacte plus que ce que je crois ; ça teinte nos réflexions, nos pensées, nos conceptions du monde de manière bien plus profonde que ce qu’on pense.

Sauf qu’elle est bonne, la différence. Elle est voulue de Dieu. J’ai aimé ma femme … parce qu’elle est différente de moi !
On est différents, les uns des autres. Même valeur, bien sûr … mais combien de différences !

Et elle est normale, cette différence, elle est riche, elle est belle, elle est voulue de Dieu, elle est fondatrice de l’amour.
En créant ce monde, Dieu a créé la différence ! et quelles multitudes de différence, de diversité de couleurs, de goûts, d’espèces, de paysages, de fleurs, de senteurs.

La différence n’est pas à craindre nous dit la Bible. Elle est à aimer. Parce qu’elle est voulue de Dieu. Elle est même fondatrice de l’amour.

Le danger, dans notre culture, c’est qu’à force de gommer les différences on va finir par gommer l’amour.

Mais je crois que ce désir de gommer les différences entre nous, il vient de plus loin. Il est le pâle reflet conscient d’une envie plus profonde et inconsciente… celle de gommer les différences en nous et Dieu.

Cette envie de croie qu’entre Dieu et nous, la différence n’est pas si grande. On nivelle…

Soit pour se faire nous, l’égal de Dieu … ça reste un des plus grands désirs de l’humanité … mais force est de constater qu’on n’y arrive pas.

Soit alors on essaye de faire de Dieu l’égal de nous.
Un Dieu pas si fidèle que ça « oui, il a promis des choses… mais bon, hein ? on en promet tous, non ? » 

Pas si juste que ça : « oui… Dieu est juste… mais il accepte un peu les pots-de-vin, quand même … on peut s’arranger, hein ? » Pas si saint que ça « oui, il a dit qu’il était saint… intolérant au mal … mais on va tous aller au paradis, non ? … »

Et on gomme les différences entre Dieu et nous, on le crée à notre image, on renverse la logique de la phrase et du sens de nos vies.

Sauf que … c’est Dieu !

« A qui me comparerez-vous ? De qui me rendrez-vous l’égal ? C’est moi qui suis Dieu, et il n’y en a pas d’autre. Oui, moi seul, je suis Dieu, et comparé à moi il n’y a que néant. » Esaïe 46, versets 5 et 9.

C’est Dieu ! Il est devenu homme, en Jésus-Christ. Oui. Pour nous sauver. Oui. Mais il n’a jamais cessé d’être Dieu !

Infinie, sa sagesse. Inatteignable, sa justice. Eternel son amour. Plus haut que les cieux sa gloire.
Plus profond que les mers sa compassion.
Absolue sa présence. Infini son savoir. Sans fond, sa compassion. Sans limite, sa puissance. Translucide, sa sainteté. C’est Dieu !

La repentance, elle a lieu dans un coeur humain quand il est mis en face de l’absolue pureté des qualités infinies de Dieu.

On ne se repent pas parce qu’on a pris conscience du mal qu’on a fait.
On se repent parce qu’on a pris conscience de l’infinie sainteté de ce Dieu qui nous aime et qui nous a créés.

Ensuite, on regarde à nous, et on prend bien conscience qu’il va falloir plus qu’un bricolage pour faire de nous des hommes capables de rencontrer Dieu.

On se repent quand on prend conscience que, face à son infinie justice, notre bricolage de trois « notre Père » et des prières avant les repas, ça ne suffira pas.
Pas plus que le fait de construire une église ou d’y aller.

Ou d’organiser un jour de jeûne pour notre pays.
Il va falloir qu’on reçoive une justice et un pardon qui vient d’ailleurs que de nous.
On se repent quand on prend conscience que, face à qui Il est, Lui, la seule manière de pouvoir entrer en relation avec Lui, c’est de recevoir une justice qu’on n’a pas confectionnée nous-mêmes. Sa justice qu’il a acquise, Lui, par sa vie.

C’est Dieu ! Justice infinie qui ne pourra jamais tolérer l’injustice, même infime, de nos coeurs.
Absolue fidélité, infinie droiture, qui ne peut tolérer ne serait-ce qu’un infime début de coeur tordu.

Et combien de coeurs tordus ? ici ?
Combien d’infidélité, de mensonges, de méchanceté, de violence, de rabaissement, de cruauté, de meurtres, d’occultisme, de marchandage d’êtres humains, d’impureté sensuelle ou virtuelle en Suisse, cette année ? … Il les a toutes vues !
Combien de meurtres dans le canton de Vaud ?
Combien d’insultes dans ma commune ?
Combien d’égoïsme dans ma vie ?

Une journée de jeûne, ça ne va pas suffire pour rattraper tout ça. Sauf qu’on n’organise pas une journée de jeûne pour rattraper quoi que ce soit.
On organise une journée de prière pour revenir à Dieu.

La repentance, ce n’est pas une baguette magique qui nous permet de rapiécer et blanchir un habit complètement sale et déchiré – en une prière !

La repentance, c’est la prise de conscience que, devant l’infinie justice d’un Dieu à qui rien n’échappe … la seule solution, c’est de recevoir de Lui ce qu’on ne peut mériter, un habit de justice, confectionné par sa vie d’obéissance absolue au Père, qu’on se sentira même indigne de porter … mais qu’il nous donne et qui nous recouvre.
Un habit spirituel qu’on n’aurait jamais pu fabriquer.
Cet habit de justice que Jésus, par sa vie sur terre, nous a acquis, et qu’il donne par son Esprit à tous ceux qui mettent leur foi en lui.

Et on peut le recevoir, par la foi ; parce qu’Il s’est donné, par amour.

Le but d’un jour de prière pour la Suisse, ce n’est pas que la Suisse revienne à ses valeurs, à ses principes, à son passé. Comme si la Suisse était elle-même une idole à protéger !
Le but d’un jour de prière pour la Suisse, c’est que la Suisse revienne à Dieu.

Et le seul chemin pour y parvenir, c’est celui de la Repentance.

Pas pour que Dieu nous bénisse… qu’il nous envoie la richesse, la paix et la prospérité … comme si on cherchait ces choses-là plus que lui-même ! Non !

On ne prie pas pour que Dieu bénisse la Suisse.
On prie pour que la Suisse revienne à Dieu. C’est différent. On prie pour que la Suisse revienne aux choix, aux décisions, aux voies que, de toutes façon, Dieu va bénir parce qu’il l’a promis.
À Sa droiture, Sa compassion, Sa générosité, Sa conception du soin de la veuve, de l’orphelin, de l’étranger et du pauvre.
Et ça nous remet tous en question. Moi le premier.

Le but d’un jour de prière pour la Suisse, ce n’est pas que la Suisse revienne à ses valeurs, à ses principes, à son passé.
Le but d’un jour de prière pour la Suisse, c’est que la Suisse revienne à Dieu. Même si ça nécessite qu’on perde certaines richesses, parce qu’elles étaient fondées sur l’injustice.

Oh, je sais … c’est tellement plus défiant que le fait de prier pour que Dieu bénisse notre pays … parce qu’on a tous envie de vivre dans un pays prospère et avec si possible moins de problèmes qu’en France !

Sauf que Dieu ne bénira pas un pays qui désobéit à ses voies. Ne nous méprenons pas ! Il ne l’a pas fait pour son peuple, son propre peuple, dans l’Ancien Testament, n’espérons pas qu’il le fasse pour la Suisse 2000 ans plus tard !

Dieu bénit les peuples, les pays, les cantons, les familles, les églises, les entreprises, les écoles, les clubs, les associations qui obéissent à ses voies.

Cela passe par la crainte de son nom ; cela passe par l’écoute de sa Parole. Cela passe par un retour à Dieu véritable et puissant de toute une communauté et de ses dirigeants.

Alors prions pour que nous, notre pays, nos autorités, nos familles, nos églises revenions à Dieu et à ses voies que, assurément, bénira.

« Si mon peuple, sur qui est invoqué mon nom, s’humilie, prie et me cherche. Je l’exaucerai des cieux, j’effacerai son péché, et son pays je guérirai. »

Gilles Geiser, septembre 2024.

Jeûne Fédéral : pour quoi prions-nous ?
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