Le 21 octobre 2019, à Zurich, une soixantaine de pasteur-e-s et de théologiens ont signé une déclaration concernant le « mariage pour tous » dans l’Eglise. Deux semaines plus tard, ils étaient plus de 200. A la différence de la « lettre ouverte » qui peut être signée par tous les paroissiens réformés, cette déclaration veut montrer que bon nombre de théologiens et de pasteur-e-s sont consternés par les prises de position des instances dirigeantes de la FEPS (Fédération des Eglises protestantes de Suisse).

Pour signer cette déclaration, cliquez ici
Pour la version en allemand (original) et en français, vous pouvez cliquez sur ce lien :Mt194
Pour une présentation (en allemand) du débat autour de la bénédiction du mariage pour tous, cliquez ici

Pour le revue de presse sur cette déclaration (en français et en allemand), cliquez ici

Voici la version française de cette déclaration :

« N‘avez-vous pas lu…? » ( Mt 19, 4)

Déclaration sur le «mariage pour tous» dans l’Eglise

L’Évangile nous est fondamentalement attesté par la parole des apôtres et des prophètes dans les saintes Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testaments.        Concorde de Leuenberg, 1973
C’est à l’écoute de la Parole de Dieu de l’Ancien et du Nouveau Testament, dans la connais- sance de nos limites et en étant prêts à nous laisser corriger par le témoignage de l’Ecriture Sainte de l’Ancien et du Nouveau Testament et par des motifs de la raison, que nous signons cette déclaration, parce que nous n’acceptons pas la démarche et les déclarations des instances dirigeantes de nos Eglises dans le cadre de la discussion ecclésiale sur le « mariage pour tous ».
1. Rupture radicale. La proposition du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et des Conseils de différentes Eglises cantonales d’introduire un mariage religieux aussi pour des couples de même sexe est en rupture radicale avec la tradition judéo-chrétienne et avec les confessions chrétiennes en tous temps et en tous lieux.
2. L’Eglise se place au-dessus de l’Ecriture. Lorsque la base d’une telle décision n’est pas l’Ecriture sainte, on quitte le fondement de la théologie chrétienne. Il faut que l’Eglise reste en-dessous de l’Ecriture et non au-dessus. Elle perd sa légitimité lorsqu’elle ne base pas ses décisions sur l’Ecriture.
3. L’opinion publique n’est pas remise en question. Lorsque l’Eglise n’est plus à l’écoute obéissante de la Parole de Dieu, ce sont les changements de l’opinion publique ainsi que les décisions et les définitions de l’Etat qui déterminent les décisions ecclésiastiques sans aucune remise en question. Or, la volonté créatrice de Dieu ne peut en aucun cas être déduite de l’opinion publique. Un courant social dominant ne peut pas servir de cadre d’interprétation des Ecritures.
3. Plus aucune discussion théologique. Au lieu d’une véritable discussion théologique sur différents avis, on voit apparaître un comportement de plus en plus absolu chez ceux qui aimeraient établir un « mariage pour tous » ecclésial.
Dans l’obéissance à Jésus-Christ et en accord avec nos engagements de consécration, lesquels nous réfèrent aux bases de l’Ecriture Sainte de l’Ancien et du Nouveau Testament dans notre responsabilité théologique et éthique, nous faisons observer :
1.  Les décisions doivent avoir des fondements bibliques et théologiques. Les instances dirigeantes de la FEPS et des Eglises cantonales ont le devoir de prendre leurs décisions sur des fondements bibliques et théologiques. Lorsqu’elles suivent l’opinion publique sans tenir compte de ces fondements, nous ne pouvons accepter leurs décisions.
2. La compréhension chrétienne du mariage. Voici ce qui est déterminant – à nos yeux – pour une compréhension chrétienne du mariage, laquelle ne doit pas forcément être conforme à la compréhension mondaine du mariage :
– L’homme et la femme se complètent l’un l‘autre dans l’altérité sexuelle. Cette base formulée dans Genèse 1 et 2 est confirmée par Jésus-Christ lui-même comme alliance du mariage (Mt 19, 4-6; Mc 10, 6-9): « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme et qu’il dit : ‹ C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair › ? » Ce n’est que dans le cadre de cette complémentarité que la transmission de la vie est possible. La bénédiction de la création (Ge 1,28), sur laquelle est basée la bénédiction du mariage, contient l’aspect de la réception de la vie et de la transmission de la vie comme don de Dieu. La sainteté de la vie humaine est donc une base essentielle qui fonde la protection et la bénédiction particulières du mariage entre un homme et une femme.
– L’état de chute de la création entière (Ro 5, 12–21; 8, 18–25). En ce qui concerne leurs relations avec Dieu, avec leur prochain et avec eux-mêmes (y compris leur propre sexualité), tous les humains sont dans un rapport brisé quant à la volonté créatrice de Dieu. Cet état nous empêche d’identifier immédiatement la volonté originelle de Dieu avec ce que nous constatons dans la nature. Cet état de chute fait partie de notre monde et ne peut pas être complètement vaincu ou guéri dans cette vie. A cause de cela, la vie chrétienne est toujours en tension entre notre propre brisement et l’écoute de la Parole de Dieu ; la vie ne comprend donc pas seulement épanouissement et bonheur, mais aussi tentation et renoncement.
– L’analogie du mariage entre un homme et une femme et de l’union entre Christ et son Eglise – c.à.d. l’attente que l’état de chute de la création soit surmonté (Eph 5, 31 et ss.; Ap 21, 9–14). Le mariage entre un homme et une femme illustre de façon particulière le rapport entre Christ et son Eglise. Dans cette relation aussi, la transmission de la vie est centrale, car Christ est la source de la vie (Jn 4,14 ; Ap 21,6). L’analogie du mariage et de l’union entre Christ et son Eglise débouche dans le Nouveau Testament sur l’espérance en une nouvelle création, dans laquelle l’état de chute de la création sera surmonté.
3. Bénir sans l’ordre de Dieu, c’est abuser de son nom. Un acte de bénédiction ne peut pas être autre chose que l’affirmation de l’engagement de Dieu. Il est donc lié, en ce qui concerne son occasion et sa situation, au commandement divin. Par conséquent, l’Eglise ne peut disposer de la bénédiction de Dieu comme bon lui semble. Bien plus, une bénédiction sans l’ordre de Dieu n’est pas une bénédiction, mais un abus du nom de Dieu, ce dont l’Ecriture nous avertit : « Tu ne prendras pas le nom du Seigneur, ton Dieu, en vain ; car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom en vain » (Ex. 20,7).
4. L’Eglise a un rôle prophétique de veilleur. L‘Eglise est exhortée à rechercher la paix avec tous (voir Ro 12, 18-21). Les évolutions de l’Etat et de la société ne sont pas à refuser systématiquement, mais peuvent être intégrées si elles ne s’opposent pas aux commandements de Dieu (voir Ro 13, 1-6). Toutefois l’Eglise a le devoir d’examiner les évolutions de manière critique à la lumière de l’Ecriture et d’assumer son rôle prophétique de veilleur dans l’Etat et la société.
Conclusion : Nous demandons une discussion ouverte dans l’Eglise, en recherchant l’unité. Nous revendiquons la liberté de conscience pour toutes les personnes actives dans l’Eglise. Ces questions ne doivent pas devenir un critère d’admission pour le ministère pastoral dans les Eglises réformées. Même si, par les déclarations de la FEPS et des Eglises cantonales sur le « mariage pour tous », la pression à agir contre notre conscience et nos convictions théologiques augmentait, en toute humilité et par obéissance à Jésus-Christ, nous ne serons pas disponibles pour des actes ecclésiastiques qui ne sont pas clairement fondés sur l’Ecriture et nous témoignerons résolument par l’annonce de la Parole biblique.
Octobre 2019
Déclaration sur le «mariage pour tous» dans l’Eglise
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