PREDICATION DE PAQUES par Bertrand Amaudruz :

« Il vit et il crut » Jean 20/1-8 

Une foule crie : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » 

Puis la même foule, manipulée : « Crucifie! A mort! »
Des bruits de troupe, bardée de métal, des enfants qui crient, trahison et fuite.

Jésus arrêté, torturé, crucifié. 

Quelques femmes et Jean restent et pleurent. Ils entendent un grand cri : « Pourquoi? » 

Ténèbres, la terre tremble, des morts ramenés à la vie et le silence. 

Le reste des disciples, volatilisés et comme terrés; ils sont paumés ; ils ne comprennent plus ni le sens des paroles de leur Maître ni la fin violente pourtant annoncée. Qui avons- nous suivi? 

Pourquoi lui et pas un autre? 

Avant ces événements, il y en avait eu un autre, essentiel : la réanimation de Lazare, ami de Jésus. Ses soeurs étaient venues en hâte le chercher après le décès de leur frère. Arrivés au tombeau, Jésus avait crié fortement : « Lazare, sors! » 

Lazare arrive à l’entrée du tombeau; Jésus ordonne : « Déliez-le ! ».
A titre d’information les Juifs n’embaumaient pas leurs défunts comme le faisaient les Egyptiens pour leurs célébrités; les Juifs faisaient la toilette du corps. 

Les produits amenés par Joseph d’Arimathée soulignent sa déférence envers le Seigneur: le corps était enveloppé d’un linceul et les linges funéraires étaient enroulés autour de la tête et autour du thorax, avec les bras sur celui-ci ou le long du corps, enfin le dernier sur les chevilles. 

« Il vit et il crut. »
Marie de Magdala arrivant au tombeau est choquée de l’absence du corps de son Seigneur. Des anges lui demandent : « Pourquoi pleures-tu? » Elle voit un homme, un jardinier pense-t-elle, et lui demande : « On a enlevé mon Seigneur, sais-tu où on l’a mis? » « Marie! » lui dit l’homme d’un ton particulier qu’elle devait connaître; sans être remise de ses émotions elle court vers les disciples pour leur annoncer « J’ai vu le Seigneur! »
Les disciples de la première visite du Seigneur dans la maison cadenassée voient une personne se matérialiser devant eux; ils ont un premier mouvement de recul mais Jésus les rassure, leur montre les traces de ses plaies. 

A la seconde visite de leur Maître, toujours dans la maison fermée, il leur donne des signes de sa double réalité et devant la difficulté de Thomas, Jésus lui dit: « Tu veux voir, tu veux toucher? » Humilié et ébloui, celui-ci tombe à genoux. 

Pour les pèlerins d’Emmaüs, il fait route avec eux et lorsqu’il rompt le pain, ils le reconnaissent.
Puis il apparaît à Pierre, à Jacques, à 500 disciples à la fois, à Saul de Tarse de manière foudroyante et à tant de personnes dans toute l’histoire de l’Eglise de toujours. 

Revenons à Pierre et Jean:
Informés par Marie de Magdala, ils accourent au tombeau. Pierre regarde dedans et ne semble rien dire, Jean s’avance ; « il vit…et il crut ». 

Qu’a-t-il donc vu? Et qu’a-t-il donc cru?
Et depuis quand la foi s’éveille-t-elle à ce que l’on voit ?
Si les linges funéraires avaient été bien rangés sur la tablette, qu’aurait-il pu croire?
Et si les linges avaient été jetés à terre, qu’aurait-il pu croire?
Lors de l’épisode de la réanimation de Lazare, Jean était là en témoin direct et il a soigneusement observé comment cela s’est passé:
une fois le tombeau ouvert et Lazare sorti, Jésus a dit : « Déliez-le !». 

Alors quelque temps plus tard, devant le tombeau du Christ, qu’a donc vu Jean?
Il a vu les linges funéraires et le linceul à la place exacte où ils avaient été appliqués au corps de Jésus, donc non défaits ni rangés (comme je l’ai entendu prêcher quelques fois). 

Il est vrai que ce passage est difficile à traduire. Je me réfère sur ce point à une étude très fouillée du professeur André Feuillet dans la revue théologique Hokhma (No 7). Jean a vu des linges et linceuls simplement affaissés, vides. 

Cet homme, très proche du Christ et fidèle lors de la crucifixion, d’une intuition plus sensible, put croire que Jésus était entré dans un autre registre de vie.
Le ressuscité, dès lors, jouera de ce double mode d’être avec ses disciples jusqu’à l’Ascension et au-delà selon son mode d’être toujours très proche. 

Ainsi, l’intention de Jésus a été de faire constater à ses disciples un certain nombre de faits et l’apôtre Jean en parle d’une manière très touchante dans sa première épitre (ch. 1, v. 1-6)
« Ce qui était dès le commencement,
ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du verbe de vie ;

et la vie s’est manifestée et nous avons vu et nous rendons témoignage et nous annonçons la vie éternelle qui était tournée vers le Père
et s’est manifestée à nous ».


Ce qui soutient notre foi est le témoignage de ces témoins de première main. C’est aussi que le Seigneur s’est plié à leurs limites et les a poussés à constater les faits pour passer de la peur à la joie afin de proclamer la Bonne Nouvelle.
Il est de bon ton aujourd’hui de dire, en Suisse romande, que les disciples ont « vu Jésus par la foi » ; j’ajoute : foi qu’ils n’avaient pas! Or les textes sont clairs et disent tout autre chose, à savoir que ces hommes et ces femmes ont été amenés à constater… ( « Touchez-moi, donnez-moi à manger ! » ). 

Et finalement, c’est en faisant coïncider les prophéties de l’Ecriture au sujet de ce qui est arrivé au Christ qu’ils ont reçu la foi pascale.
Quant à nous, qui avons pris au sérieux ces témoignages de première main; nous, témoins de seconde main, sommes illuminés par le même Saint-Esprit. Quel que soit le point où nous en sommes, Il nous rejoint au moment favorable. Cette amitié avec Jésus n’est pas une suite d’efforts mais de désir, de courage et de consentement. 

Belles Pâques et bonne route ! 

Il vit et il crut !
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