Lors de l’assemblée du Rassemblement pour un renouveau réformé, Martin Hoegger apporté une méditation sur l’appel du prophète Esaïe à voir le bourgeonnement de l’œuvre de Dieu. Le thème du bourgeonnement de nouvelles réalités dans l’Église habite la réflexion actuelle du R3
« Je vais faire du nouveau ; on le voit déjà paraître comme un bourgeon, vous saurez bien le reconnaître ». (Esaïe 43.18)
Cette image du bourgeon apparaissant durant l’hiver est un grand appel à l’espérance et à la confiance.
Dans le froid de l’hiver, il semble que la vie ait disparu, mais c’est durant cette saison que la sève descend dans les racines. Puis elle remonte et produit des bourgeons.
Tout cela est invisible au début, mais à moment donné les bourgeons sont assez gros pour qu’ils soient visibles. Nous ne pouvons qu’assister à l’éclosion du bourgeon. Il ne sert à rien de le tirer pour le faire grandir.
Ainsi en est-il de l’œuvre de Dieu : c’est lui qui agit et non pas d’abord nous.
L’image du bourgeon est donc une invitation à la confiance que Dieu est à l’œuvre quoi qu’il arrive ! Il est à l’œuvre dans les hivers de nos Églises quand il nous semble que la vie de l’Esprit est en veilleuse. L’apparition des bourgeons est donc un appel à la persévérance et à l’attention.
Dans l’Évangile une parabole dit la même chose, celle de la semence qui grandit toute seule :
« Jésus disait encore : « Voici à quoi ressemble le règne de Dieu : quelqu’un jette de la semence dans son champ.
Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, les graines germent et poussent sans qu’il sache comment.
La terre fait pousser d’elle-même d’abord la tige des plantes, puis l’épi, et enfin plein de blé dans l’épi.
Dès que le blé est mûr, on se met au travail avec la faucille, car le moment de la moisson est arrivé. » (Marc 4,26-29)
Cette parabole nous dit que le croyant peut dormir tranquille. Tout ne dépend pas de lui. La grâce de Dieu est à l’œuvre et il faut lui faire confiance. La grâce de Dieu est première, la réponse humaine seconde. La vie du disciple de Jésus est avant tout une grâce, puis une responsabilité.
Comme les semences sont enfouies dans la terre, les œuvres de Dieu commencent toujours de manière discrète, souvent avec des remises en question et parfois des persécutions. Mais il suffit de deux ou trois personnes unies dans la foi au nom du Christ pour porter des fruits, car le Ressuscité promet sa présence (Mat 18,20)
Ne pas opposer la grâce de Dieu à notre responsabilité
Cette parabole ne se trouve que dans l’évangile de Marc. A la fin de son évangile, Marc met une parabole antithétique, celle du maître qui s’absente, où le croyant est appelé à veiller, prier, travailler et ne pas dormir en attendant le retour du maître (Marc 13,33-37).
Cette autre parabole met donc l’accent sur notre responsabilité, alors que la parabole de la semence qui grandit d’elle-même insiste sur la grâce de Dieu.
Il ne faut pas opposer ces deux paraboles. La graine grandit d’autant mieux si le terreau dans lequel elle est semée est bien préparé ; si elle est bien arrosée et soignée.
En tant que Rassemblement pour un renouveau réformé, nous voulons nous confier en la grâce de Dieu et être attentif aux bourgeons de renouveau et aux pousses d’espérance.
Nous croyons que le Christ continue à aimer et à conduire l’Église réformée en Suisse romande. Comme le dit avec force le « Manifeste bleu » du R3, « nous réaffirmons notre confiance fondamentale dans le Dieu vivant Père Fils et saint Esprit qui continue à prendre soin de son Église ». Je vous invite à lire ou relire ce magnifique chapitre plein d’espérance intitulé « une confiance fondamentale ».
Dieu nous donne en effet des signes réjouissants de renouveau et de vie. Un de ces signes est la Haute École de théologie où nous nous réunissons. Un autre signe est le Forum chrétien romand. Il est un signe réjouissant de communion entre les Églises. Il va d’ailleurs prochainement se réunir dans ces lieux.
Nous croyons aussi que Dieu nous appelle à nous encourager les uns les autres en faisant grandir la semence de la grâce en nous et parmi nous.
Nous croyons qu’il nous appelle à la vigilance en vivant ces deux autres « R » que sont la « Repentance » et la « Résistance », dont parle le rapport du comité du R3.
Le Christ ressuscité au cœur de tout
Comment ? Avant tout en croyant que le Christ est vraiment ressuscité et que sans lui nous ne pouvons rien faire. Mettre en doute la réalité de sa résurrection, comme le font certains théologiens protestants, précipite l’Église dans le néant. Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi et l’Église s’effondre.
Nous avons besoin d’un renouveau dans la foi dans le Christ ressuscité. Sa résurrection n’est pas un simple chapitre parmi d’autres de la théologie systématique, mais le cœur de la foi, de la spiritualité et du culte de l’Église.
Notre foi dans le Christ ressuscité a deux conséquences :
- De nous ouvrir à son amour agissant, surprenant et déroutant en lui donnant une confiance absolue, quelles que soient les circonstances, les oppositions, les épreuves ou les lenteurs.
- De répondre à son amour en nous aimant les uns les autres, comme il nous a aimés.
C’est cela « semer ce qui plaît à l’Esprit saint », non « selon ses propres penchants », afin de récolter la vie éternelle. (Galates 6,7-10). Mais en attendant cette récolte, prenons soin des bourgeons ! Le temps dans lequel nous sommes n’est pas celui de la récolte, mais du bourgeonnement.
Martin Hoegger, président de l’assemblée du R3
Prière
A travers nos crises,
donne-nous la confiance
que ton Royaume grandit,
comme un bourgeon sur un arbre,
comme une semence jetée en terre
Ils poussent jour et nuit
sans qu’on s’en aperçoive.
.
Renouvelle-nous dans la foi
que tu es à l’œuvre et
que tu prépares une récolte.
Nous venons à toi et te disons :
« Transforme-nous et envoie-nous
comme des ouvriers de paix et de justice
dans ta moisson » !