Cette prédication du pasteur Willi Honegger offre un diagnostic bouleversant de l’Eglise d’Europe occidentale mais il ouvre aussi, dans la foulée du message d’Esaïe, une perspective pleine d’espérance.

Le « néanmoins » de la promesse de Dieu sur l’Eglise pitoyable et misérable 

La deuxième partie du livre d’Esaïe (chapitres 40 à 55) a été un réconfort pour moi au cours des trois dernières années, de façon toute particulière.

 La condition de la population y est décrite de manière impressionnante. Mais la promesse de Dieu, plus grande et plus puissante que n’importe quel effort humain, se trouve au-dessus de ce peuple de Dieu chancelant et près de mourir.

Nous allons regarder un passage d’Esaïe 42 ce matin, avec la confiance que nous y découvrirons l’état de l’Eglise et plus encore, que nous y expérimenterons la puissance de Dieu, qui rend les morts vivants.

Esaïe 42: 18-25 :

18Sourds, écoutez ! Aveugles, regardez et voyez !

19Qui est aveugle, sinon mon serviteur ? Qui est sourd comme le messager que j’envoie ? Qui est aveugle comme celui qui a trouvé la paix, aveugle comme le serviteur du SEIGNEUR ?

20Tu as vu beaucoup de choses, mais tu n’y as pas pris garde ; on a ouvert les oreilles, mais on n’a pas entendu.

21Le SEIGNEUR a pris plaisir, à cause de sa justice, à rendre la loi grande et magnifique.

22Et voilà un peuple pillé et dépouillé ! On les a tous pris au piège dans des fosses, cachés dans des maisons de détention ; ils ont été pillés, et il n’y a personne pour les délivrer ! ils sont dépouillés, et il n’y a personne pour dire : Restitue !

23Qui parmi vous prêtera l’oreille à cela ? Qui prêtera attention, pour écouter à l’avenir ?

24Qui a livré Jacob à ceux qui le dépouillent, et Israël aux pillards ? N’est-ce pas le SEIGNEUR, contre qui nous avons péché ? Ils n’ont pas voulu suivre ses voies et ils n’ont pas écouté sa loi.

25Aussi a-t-il versé sur Israël l’ardeur de sa colère et la violence de la guerre ; celle-ci l’a embrasé de toutes parts, et il n’a rien compris ; elle l’a dévoré, et il n’a pas réfléchi. ©Nouvelle Bible Segond

Face à de tels passages de l’Ancien Testament, le théologien se met habituellement à couvert: on parle ici d’une manière beaucoup trop tranchée, ce qui menacerait l’existence d’un employé de l’Eglise.

On peut entendre de telles analyses –  implacables – de l’état de l’Eglise tout au plus dans la bouche de pasteurs retraités, dont l’existence économique est assurée. Cependant, le deuxième Esaïe parle de cette façon au peuple de l’ancienne alliance, à son Israël!

Je veux explorer ces quatre thèmes :

1. L’Eglise sourde et aveugle

2. L’Eglise exploitée et pillée

3. L’aube commence

4. L’Eglise sous la Parole de Dieu

1) L’Eglise sourde et aveugle

Nous voulons maintenant prendre l’altitude la plus élevée possible (sinon ce qui est dit conduit aux plus grands malentendus): ce n’est pas l’Eglise paroissiale A, B ou C qui est au pilori, pas même telle ou telle Eglise d’Etat ; pas non plus la FEPS ni l’EKD.

Non, nous parlons de tout le protestantisme de l’Europe occidentale et de son histoire de dégradation, qui dure depuis 200 ans; de son infirmité due à la malnutrition; de son manque de circulation sanguine et d’approvisionnement en oxygène par la perte du grand héritage biblique.De sa négligence et de sa misère parce qu’il a laissé tomber la Bible, de sa douloureuse déception parce qu’il a soumis la Bible de son propre chef au rationalisme et au relativisme dégradants. Il a fait cela dans l’espoir désespéré que cela lui vaudrait l’affection de l’esprit de ce monde…Et maintenant, il s’asseoit pitoyablement au bord du chemin de l’histoire et s’étonne que ce Zeitgeist, par lequel il était encore autrefois courtisé, lui montre une épaule froide et le laisse tomber!

Oui, je veux parler de cet état général ce matin. Esaïe a quelque chose à nous dire ; son puissant message trouve parmi nous ses destinataires.

Cette péricope commence de manière frappante:

« Qui est aveugle, sinon mon serviteur ? Qui est sourd comme le messager que j’envoie ? Qui est aveugle comme celui qui a trouvé la paix, aveugle comme le serviteur du SEIGNEUR ?

Tu as vu beaucoup de choses, mais tu n’y as pas pris garde ; on a ouvert les oreilles, mais on n’a pas entendu. » (vv. 19-20)

Le «second Esaïe» a, je crois, deux façons d’utiliser le terme « Serviteur / Serviteur du Seigneur »: l’une est celle des chants dits du « Serviteur de Dieu » dont le Nouveau Testament témoigne à l’unanimité que Jésus-Christ est pré-photographié en eux. L’autre est le peuple d’Israël au moment du « second Esaïe ». Ici, c’est clairement le second usage.

Sourd est le peuple de Dieu : ce n’est pas une description flatteuse, que le prophète Esaïe choisit pour  introduction!

Oui, je sais: les experts en communication nous conseillent vivement de nous adresser aux gens uniquement  avec des messages positifs. Mais de grandes parties de la Bible ne s’y conforment pas: elles comptent sur le travail du Saint-Esprit,qui renouvelle  le cœur et transforme merveilleusement les sentiments – même si cela doit parfois être précédé de chocs.

Je me permets donc de nous livrer à tous la parole des Saintes Ecritures sans aucune restriction; sans me demander si notre estomac va l’apprécier mais en faisant confiance que Dieu suscite une vie nouvelle par son Esprit.

Non, il n’est vraiment pas nécessaire de faire passer la Bible par tous les processus de filtrage herméneutique possibles pour la rendre acceptable.

Sourd est le peuple de Dieu – sourd à la parole de Dieu! Je ne peux pas refuser ce diagnostic. Cela s’applique largement à l’état intérieur du protestantisme occidental: une grave déficience auditive à l’égard de la Bible est le moins qu’on puisse dire.

Non, ce n’est pas le monde éloigné de Dieu qui est à la racine de ce problème. L’Eglise elle-même a provoqué cette surdité:

il y a des pasteurs et des théologiens qui « enterrent » la Bible au profit de soi-disant messages positifs, que l’auditeur aime entendre. La Sainte Écriture devient alors un trésor qui offre des illustrations avec lequel la sagesse humaine est présentée.

Les paroissiens exigent avec ferveur des expériences spirituelles ainsi que des thèmes pertinents pour la vie. Ils ne se rendent pas compte que – ce faisant – ils veulent entendre plus de choses sur eux-mêmes et ne rien entendre de Dieu. Et leurs bergers découragés ne réagissent pas.

 Quand on lit au culte les textes bibliques sur l’I-Phone ou les tablettes, c’est cool ! Mais sait-on encore que chaque texte de l’Ancien Testament se trouve dans le même livre que le message de Jésus-Christ? Vous pouvez voir cela quand vous avez  toute la Bible dans vos mains!

(mais cet engouement pour  la numérisation n’est pas la cause, c’est un symptôme du problème – même si le symptôme est très visible !)

«Qui est aveugle sinon mon serviteur ?», voilà comment le Prophète confronte sa communauté.

Le nouveau protestantisme est presque complètement aveugle à la grande histoire de Dieu avec son humanité. Je parle de l’histoire biblique du salut,

le grand cadre dans lequel tout est intégré. Tout a commencé avec la création, la création du cosmos. Et tout conduit à la rédemption et à la perfection – à la venue de Jésus Christ en puissance et gloire, au nouveau ciel et à la nouvelle terre.

Si le prédicateur ne vit pas de cette image d’ensemble, sa prédication devient impuissante et mesquine: elle dégénère en une collection de sujets.

Elle se termine par des appels moraux et des commentaires contemporains ennuyeux. Et le même prédicateur ne devrait pas être surpris si sa communauté n’a plus qu’une image fatiguée et déiste de Dieu.

Il s’agit encore une fois du même mécanisme: la surdité comme l’aveuglement de l’Eglise a son origine dans son noyau le plus profond.

La surdité et l’aveuglement de la théologie se transfèrent à la communauté et au monde.

2) L’Eglise exploitée et pillée

Le choix des paroles du prophète devient encore plus percutant. Dramatique est l’image avec laquelle il compare le peuple de Dieu: « … voilà un peuple pillé et ravagé ; on les a tous séquestrés dans des fosses… cachés dans des cachots … voués au pillage… et il n’y a personne qui les sauve… Voués au ravage et personne ne dit: Restitue! »[cf. verset 22].

Le prophète compare le peuple de Dieu avec une caravane, qui est attaquée sur le chemin par les bédouins: tout est pillé, les gens sont bâillonnés et emprisonnés dans des terriers. Cependant, aucun membre de la famille ne s’en soucie, aucune action de secours n’est en marche, personne ne négocie avec les voleurs pour offrir une rançon.

« Telle est ta condition », dit le prophète à son peuple,

« Et pourtant, vous prétendez que tout va bien.

Vous refusez la vérité sur votre véritable situation ! »

Est-ce l’état de la chrétienté occidentale?

Oui, je suis prêt à souscrire à cette description, bien que – et je dois l’avouer ouvertement – ce soit incroyablement difficile pour moi d’accepter cela.

Pourquoi est-ce si difficile d’accepter cette description?

Mentionnons quelques raisons à cela :

a) On s’est habitué à cette condition depuis trop longtemps. Quatre à cinq générations se sont écoulées depuis que nos Eglises ont effectivement abandonné la christologie classique; depuis que l’on adopte, à la place de l’histoire du salut biblique,  la moralité de l’homme de bien et ses nobles actions.

Bien sûr, il y a toujours eu des parties confessantes, par exemple le Piétisme.

Mais, même là, on a souvent – sans  s’en rendre compte – contribué à cette évolution. Les chrétiens piétistes croyant à la Bible sont perdus quand il s’agit de répondre aux défis de la modernité. Pour se protéger, certains disent – à propos de l’agenda du « genre » par exemple :

« Seule ma relation avec Dieu est importante,  je ne veux pas me prononcer sur d’autres choses! »

«… piégés dans des cavernes … … cachés dans des cachots …»

      Esaïe n’aurait pas pu mieux décrire cette retraite impuissante à l’intérieur. L’individu chrétien ne peut pas être accusé puisqu’il entend rarement autre chose que ce sanctuaire de pieuse intériorité.

b) Il est trop douloureux d’admettre cette condition. Se pourrait-il que ce soit notre Eglise? 

« Non, cela ne doit pas être, nous devons voir cela comme positif! » C’est ainsi que s’expriment beaucoup de gens d’Eglise en utilisant le médicament du déni de la réalité. Quelque chose de grave se passe ici: la résignation devient partie intégrante de la culture de l’Eglise et par là un motif qui influence l’action.

c) Il me semble qu’Esaïe va encore plus loin avec son analyse pointue. Il devient encore plus radical: la cécité à la Parole de Dieu fait qu’on devient même aveugle quant à notre propre condition!

Comment se fait-il qu’on ne puisse plus voir à quel point l’état de l’Eglise est pathétique?

C’est simple: Parce qu’on a perdu la mesure de ce que l’Eglise pourrait être.

Quand on ne le sait plus, on devient aveugle. Par exemple, un pasteur de ma région m’a dit à quel point la fusion de deux paroisses était un grand succès,

parce qu’un seul culte a lieu  maintenant et que les paroissiens doivent faire moins d’effort.

Esaïe parle de pillage et de proie ici.

Oui, c’est comme ça – si vous voulez et pouvez le voir :

les voleurs sont actuellement euphoriques au travail!

Le sujet qui nous concerne tous aujourd’hui (le mariage pour tous) fournit le meilleur matériau d’illustration pour ceci:

le mariage entre mari et femme a toujours été par définition un concept théologique, religieux. Quand l’Etat a introduit le mariage civil au 19ème siècle, il n’a même pas songé à réinventer le mariage ; il a repris ce que la vision biblique-chrétienne de l’être humain considérait comme un mariage. Et cela non seulement pour le mariage, mais pour l’image de l’homme en général: l’être humain créé comme homme et femme, la naissance et la mort, la filiation, la parentalité, la parenté, etc.

Nous assistons maintenant à un changement de paradigme complet! D’autres esprits, des traditions de pensée laïques et païennes s’emparent de ces zones:ils réclament l’autorité de redéfinir tout cela! Les voleurs et les pillards sont euphoriques au travail!

Mais ça ne suffit pas. A l’Eglise – qui devrait présenter sa propre image de l’homme – une interdiction stricte de parole est accordée. Beaucoup de membres de notre Eglise, qui ont un esprit libéral, disent:

« Ce n’est pas si grave ! Nous pouvons encore faire beaucoup de bien dans notre monde.Nous sommes autorisés à modérer ce processus d’auto-dissolution. Si nous sommes à la pointe de la lutte contre les tabous, on nous accorde même des privilèges et une attention particulière ».

Beaucoup résisteraient avec véhémence à cette présentation, bien qu’ils se soient longtemps soumis à ce diktat. D’autres voient cela, mais ils manquent de force et d’autorité pour proclamer ici la Parole du Dieu vivant. Oui, la puissante proclamation de l’Evangile a l’effet d’un exorcisme en temps de confusion. 

Nous sommes tous témoins, de nos jours, de bouleversements de dimensions inimaginables: cela ressemble beaucoup à ce qui s’est passé dans les régimes totalitaires, lorsqu’on voyait et exploitait avec une « précision » démoniaque la faiblesse de l’Eglise.

Seule la clarté de la Parole de Dieu peut ici nous aider, une Parole prêchée par des serviteurs fidèles, une Parole qui exorcise en appelant dans la bonne direction une Eglise aveuglée et confuse!

3) L’aube se lève

Nous sommes profondément secoués lorsque cette parole d’Esaïe pénètre vraiment en nous. Mais la consolation qui y est cachée est encore plus profonde.La promesse qui se lève précisément au-dessus de l’Eglise humiliée et pillée est puissante, quand elle se regarde dans le miroir de la Parole de Dieu. 

« Qui a livré Jacob au ravage et Israël aux pillards?

N’est-ce pas l’Éternel, lui envers qui nous avons péché … lui dont on n’a pas voulu suivre les chemins? » [verset 24]

En tant que membres d’Eglise, nous nous sommes habitués à interpréter le déclin de l’Eglise par des moyens laïques:Nous avons utilisé la sociologie pour cela (individualisation croissante de la société). 

Nous avons recherché la consolation dans l’histoire culturelle (changement de valeurs, augmentation de la prospérité, mobilité).

L’histoire intellectuelle et la psychologie nous ont aussi fourni des raisons (le moi moderne se suffit à lui-même, la communauté est contraignante, etc.)

Oui, personne ne devrait se fermer à ces connaissances.Mais est-ce que cela suffit à tout expliquer et interpréter?

La disparition de l’Eglise de multitude peut être en partie expliquée de cette manière. Mais est-ce que cela suffit à expliquer l’émiettement des communautés de pratiquants et la disparition rapide de la connaissance de la Bible?

Seule la Parole de Dieu ouvre nos yeux sur l’ensemble du tableau concernant l’évolution de l’Eglise. Le prophète Esaïe ne propose pas ces explications laïques. Il dit seulement une chose ahurissante:

 « N’est-ce pas le SEIGNEUR contre lequel nous avons péché? »

Il porte notre regard sous la couverture de la misère spirituelle. Nous voyons là les abysses de l’état du peuple de Dieu: les racines de la pauvreté de l’Eglise, ce ne sont pas les aléas de l’histoire culturelle et intellectuelle. C’est l’Eglise elle-même qui récolte ce qu’elle a semé.

L’Eglise de notre temps refuse de se poser cette question. C’est compréhensible, car elle ne voudrait pas entendre la réponse. Pourtant la Bible, la Parole de Dieu, nous pose ces questions. Voilà pourquoi l’Eglise se réveille seulement lorsque la Bible est reçue dans son intégralité. Elle ne retrouve la vie que lorsqu’elle puise à nouveau l’eau des sources profondes, leur histoire et leur expérience d’au moins 3000 ans.

Oui, cela nous amène à l’aube: le discernement de notre véritable état. Regarder dans les yeux la vérité concernant notre situation nous conduit à la repentance et au retour vers le Seigneur et chef de l’Eglise. Oser croire que c’est uniquement grâce à LUI que SON église est reconstruite. Ce chemin dans les profondeurs est une grâce. Si cela est donné à l’Église, elle y expérimente la plénitude de la miséricorde divine.

4) L’Eglise sous la Parole de Dieu

Une phrase s’illumine au milieu de ce texte ; c’est le pivot de ce message sévère:

 «Le SEIGNEUR a pris plaisir, à cause de sa justice, à rendre la loi grande et magnifique.»[Verset 21]

Qu’est-ce que Dieu rend grande et magnifique? SON instruction. C’est le mot hébreu « Torah »qui est utilisé ici :

 les commandements de la Bible, les ordres de Dieu; ce que nous ne savons pas de nous-mêmes, ce que Dieu a révélé dans SA parole.

Il découle donc de la foi de l’Ancien Testament – et par conséquent aussi du Nouveau Testament – une toute nouvelle approche du monde et du travail quotidien: on peut garder ou enfreindre les commandements de Dieu; et les deux comportements ont des conséquences : bénédiction ou malédiction.

Même notre vie moderne est basée sur cette conviction de la foi chrétienne (quoique sous une forme laïque): nos actions ont des conséquences et l’irresponsabilité mène à la misère.

Maintenant, cette vision du monde moderne est en crise: nous voyons toujours que nos actions humaines ont des conséquences directes. Mais la foi en ce seul Dieu, qui tient toute chose dans SON ordre, a été perdue. Avec arrogance notre génération prétend inventer elle-même ses valeurs. Cependant, cette « grandiose » conscience de soi ne voit pas que c’est par là que toute la structure se brise.

Fait intéressant, les gens postmodernes pensent que derrière la nature il y a une loi éternelle à l’œuvre; que tu ne peux pas aller contre la nature tout le temps, sinon, elle ripostera brutalement un jour. Cette prise de conscience mène de nos jours à l’écologie: on discerne que, derrière la matière (ici la nature), il y a une loi invisible.

Par contre, en ce qui concerne les humains, l’existence d’une loi naturelle est souvent niée. Il y a pourtant aussi une écologie des humains. L’homme a aussi une nature qu’il doit respecter et qu’il ne doit pas manipuler. [Je dois le terme «écologie humaine» à Benoît XVI, qui l’a utilisé dans un contexte légèrement différent].

Comment se fait-il que les idéologies de genre se propagent si rapidement, aussi et surtout parmi des gens très engagés pour le droit de la nature et du monde animal? Pourtant, personne ne dirait: « Cet étalon est maintenant une jument, et ce taureau est maintenant une vache! » C’est une contradiction que beaucoup ne voient pas: on reconnaît un ordre éternel pour la nature, mais pour les humains chacun bricole ses valeurs.

Si les commandements de Dieu sont remplacés par des valeurs humaines, nous perdons notre sécurité et notre dignité. Ensuite, tout dépend de quelles valeurs et normes sont actuellement en vogue – les hauts et les bas peuvent arriver rapidement! Nous perdons donc également la confiance les uns dans les autres; parce que je ne sais plus quelles normes et valeurs mon prochain m’appliquera …!

La foi chrétienne nous enseigne l’unité de la réalité:

le même Dieu qui a donné à la nature ses lois nous donne aussi, à nous humains, des commandements et des valeurs. Le même Esprit qui a conçu et créé le monde est présent dans chaque culte rendu à Jésus-Christ.

L’invisible (Dieu) était là en premier, tout en est découlé. C’est pourquoi nous, les humains, ne fabriquons pas nos propres valeurs, nos commandements et nos normes. Nous les recevons d’en haut, de nulle part ailleurs :

«Le SEIGNEUR a pris plaisir… à rendre la loi grande et magnifique.»[V. 21]

La crise de l’Eglise est une crise de la confiance en Dieu:

le Dieu qui prêché  depuis les chaires protestantes n’est en grande partie plus le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, qui s’est révélé en Jésus-Christ.

Plus précisément: la crise de l’Eglise est le découragement de ses prédicateurs. Ce découragement recule devant l’étude vraiment approfondie de la Bible, parce que le prédicateur remarque très bien intuitivement:

« Si je me plonge dans son message pénétrant, je vais devoir prêcher ce qui dérange mon Eglise, ce qui me fait peur et ce qui prive également mes auditeurs de sommeil. »

C’est ici – au cœur de la théologie et de la prédication – que doivent prendre place notre conversion et notre repentance: 

« Je me démarque de mes propres dieux et des représentations de Dieu qui ne contiennent que quelques oligo-éléments chrétiens et je me tourne vers le seul et vrai Dieu, que les chérubins, dans la vision du temple d’Ésaïe (ch 6), proclament constamment « saint, saint, saint! » »

Je sais que bon nombre de ceux qui assistent fidèlement à nos cultes nous disent:

«Surtout, je veux avoir une relation cool avec Jésus,

 c’est la chose la plus importante, ça me rend heureux ! »

Mais maintenant, les choses cool sont hors de propos. Nous faisons face à des temps orageux où on ne nous demande pas si cela nous rend heureux. On nous demande d’être témoins de la vérité. Un prédicateur, un théologien doit dire la vérité : la vérité sur Dieu, la vérité sur Jésus-Christ, la vérité sur les commandements de la Bible, la vérité sur notre espérance; et la vérité sur ce que signifie la bénédiction et ce qui peut devenir une malédiction!

Oui, c’est vrai: en faisant cela, vous vous mettez en danger. Cela vous met en porte-à-faux avec les faiseurs d’opinion; et, après cela, ils rendront votre vie inconfortable.

Vous voulez cela ? En tant qu’Eglise, voulons-nous cela?

Celui qui suit Jésus le veut – il doit le vouloir – parce que la loyauté envers Jésus est plus importante pour lui que toute autre chose: parce que Jésus l’a fait, nous n’avons pas à avoir peur.

Ce passage choquant d’Esaïe 42 est loin d’être sans réconfort et sans espoir;

il est intégré entre ce que Dieu dit avant et après:

 «Je ferai marcher les aveugles sur un chemin inconnu d’eux…

 Je transformerai devant eux les ténèbres en lumière. »

(Ésaïe 42,16)

« … Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi! » (Esaïe 43,1)

Il est difficile de trouver une plus grande consolation dans la Bible. Un formidable message d’espoir est exprimé ici.

Si l’Eglise contemporaine n’avait à se plaindre que de petits bobos par ci par là, le salut dont nous aurions besoin serait également modeste. Mais maintenant nous sommes devant les ruines d’une maison détruite

 et devant les éclats de tableaux de valeurs cassés.

 Le Dieu Tout-Puissant nous appelle ici: « Tu es à moi! »

 Oui, ce qui nous est promis ici n’est rien de moins que la résurrection des morts. Ce qui est arrivé au Christ arrive aussi à SON Église : de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.

 Que Dieu ait pitié de nous et qu’il nous donne une grande capacité de repentance !

AMEN

(lundi 21 octobre 2019, église Zurich-Hirzenbach)

 par le pasteur Willi Honegger, Bauma


L’Eglise sourde et aveugle

Un avis sur « L’Eglise sourde et aveugle »

  • 26 février 2020 à 15 h 16 min
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    Il faudrait comparer (et confirmer !) ces propos avec l’émouvant témoignage de Louis Cattiaux dans « Le Message Retrouvé ».

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