Cette prédication de Guy Chautems pour la période de l’Ascension et Pentecôte nous invite – nous réformés en particulier – à entrer résolument dans une transmission de l’Evangile de qualité A+++ en prenant au sérieux les 3 verbes qui devraient orienter toute la vie de l’Eglise : Aller, Annoncer, Aimer.
Marc 16.9-20 : « Allez dans le monde entier, annoncez la Bonne Nouvelle à tous. »
12 hommes pour accomplir cette tâche ! Quelle folie ?
Et qui plus est, 12 hommes durs à la comprenette ! Jésus ne vient-il pas de le leur dire : « Vous ne croyez pas et vous ne voulez rien comprendre ! Vous n’avez pas cru ceux qui m’ont vu vivant ! »
Comment réussiront-ils ? Oui, comment réussiront-ils ?
Marc nous le dit en quelques mots : Assis à la droite de Dieu, le Seigneur travaille avec eux et il leur donne le pouvoir de faire des choses étonnantes.
Il faut l’Ascension, il faut que Jésus prenne sa place auprès du Père, il faut qu’il nous donne l’Esprit Saint pour que les disciples réussissent leur mission : amener la vie là où il y a la mort (Ez. 37) . Il faut l’Ascension de Jésus pour que le Règne de Dieu s’étende sur les cinq continents… pas à pas.
Il est monté au ciel, il s’est assis à la droite de Dieu le Père !
Ils réussiront ! OUI ! Marc résume le secret de cette réussite en ces mots :
« Le Seigneur travaille avec eux et il leur donne le pouvoir de faire des choses étonnantes. »
Mais cette réussite est soumise à une triple obéissance :
Aller – Annoncer – Aimer
Avec ces trois verbes je résume l’ordre de mission tel que nous le rapporte Marc : « Allez dans le monde entier, annoncez la Bonne Nouvelle à tous… » voilà pour les deux premiers A. Et voici pour le dernier, aimer : « en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais, ils parleront des langues nouvelles….Ils poseront les mains sur la tête des malades, et les malades seront guéris. »
Les agences de notation du ciel ne donneront un triple A qu’à ceux et celles qui prendront au sérieux ces trois impératifs. Et il y aura des A+++ ! Je vous propose d’examiner ces trois ordres en sachant ceci : le Seigneur, élevé à la droite du Père, travaille avec nous seulement lorsque nous les prenons vraiment au sérieux, alors il nous donne le pouvoir de faire des choses étonnantes !
Allons
S’il y en a un qui a pris au sérieux cet ordre, c’est bien l’apôtre Paul . On estime qu’il a parcouru 8000 km. à pied et 10’000 km. en bateau. Et dans quelles conditions ! Sur terre comme sur mer les voyages étaient autrement plus difficiles qu’aujourd’hui (2 Cor.11) . A partir du jour où Paul a reconnu le Christ comme son Sauveur et Seigneur, il a pris au pied de la lettre l’ordre de Jésus : « Allez dans le monde entier, annoncez la bonne Nouvelle à tous ! »
Mais cet ordre concerne-t-il vraiment chaque chrétien ?
Première réponse qui en soulagera plusieurs ! Le Seigneur n’appelle pas n’importe qui à parcourir le monde ! Ecoutons Paul écrire aux Ephésiens : « C’est le Seigneur qui fait don de certains comme apôtres, ….d’autres comme évangélistes. » (Eph. 4.11) Il y a des ministères, ils sont donnés à l’Eglise. N’importe qui n’est pas appelé à courir le monde pour annoncer l’Evangile.
Deuxième réponse qui remet la pression ! Au début du livre des Actes Luc nous raconte la violente persécution qui se déchaina contre l’Eglise de Jérusalem et la fuite de nombreux chrétiens dans les territoires voisins et il écrit : « Les croyants qui s’étaient dispersés parcouraient le pays en proclamant le message de la Bonne Nouvelle. » (Actes 8.4)
Je suis persuadé que tous les chrétiens souhaitent prendre au sérieux cet impératif « allez dans le monde entier ». Car il est évident que le Seigneur ne travaille et ne travaillera qu’avec les communautés qui obéiront à cet ordre. Alors comment être sérieux avec cet ordre du Seigneur ?
Frères et Sœurs, tout commence par la prière : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le propriétaire de la moisson d’envoyer davantage d’ouvriers dans sa moisson. » (Matth.9.37-38).
Commençons donc par prier, non pas du bout des lèvres mais en sachant les exigences attachées à notre prière ! Car nous vivons un temps où les Eglises réformées doivent enterrer définitivement leurs peurs face – par exemple – aux ministères des évangélistes ! Demander au Seigneur un ou des évangélistes qui iront à la rencontre de ces couches de la population que nous n’atteignons plus, c’est être prêt à leur donner une place dans nos priorité et peut-être un salaire.
Nous vivons un temps où chaque réformé doit oser cette prière : » Seigneur, la moisson risque de se perdre, envoie davantage d’ouvriers dans ta moisson ! » Mais celui qui prie doit savoir le risque qu’il court ! Lequel me direz-vous ? Le risque que le Seigneur m’envoie moi, l’intercesseur, à la rencontre de mes voisins, de mes collègues de travail. Mais soyons sans crainte ! « Ouvre ta bouche, aie de l’audace, dit le Seigneur, si je t’envoie alors tu verras s’ouvrir le cœur de ceux et celles auxquels tu t’adresseras. »
Note : Il nous faut noter les transformations profondes de notre société qui ont modifié de manière profonde la carte de nos champs de mission. D’abord les flux migratoires ont amené des personnes de toutes les nations à quelques kilomètres de chez nous. Ensuite le développement fulgurant d’internet donne à tout un chacun de pouvoir atteindre les extrémités du monde en un clic de souris.
Annonçons
En 1975, si je ne me trompe pas, j’ai été pour de longues années le dernier président de la commission d’Evangélisation de notre Eglise réformée Vaudoise. Nous avons démissionné en bloc ! Le conseil Synodal d’alors ne faisait plus confiance à notre travail ! Nous voulions répandre la bonne Nouvelle de la Croix et de la Résurrection, appeler à la conversion ! Malheur à nous car nous étions classés, étiquetés ! Au nom du pluralisme nous étions de plus en plus mis de côté !
Presque 40 ans plus tard, après trois livres consacrés à la désertification de nos paroisses[1], vous vous souvenez des 40 années de désert, le synode de notre Eglise réformée vaudoise, va proposer à nos paroisses une année de « jachère » ! Les Conseils de paroisse vont être appelés à mettre la pédale douce sur tout ce qui est secondaire afin de faire apparaître ce qui est prioritaire ! [2] Une année de « jachère » ! Il faudra avoir le courage d’abandonner certaines activités ! Ce ne sera pas facile! Mais je me réjouis de l’objectif proposé à toutes les paroisses : prendre au moins une année de prière, de réflexion pour « entrer en évangélisation ».
Au final, nos paroisses risquent fort d’opérer ce tournant de 180° à partir de 2014 – 2015, 40 ans après la disparition du dernier poste d’aumônier d’évangélisation de notre Eglise en la personne d’Alain Burnand. La peur du prosélytisme nous a fait perdre 40 ans ! Puissent tous les ministres et les conseillers de paroisse qui ont eu peur de faire – comme ils disaient – du prosélytisme, avoir pris leur retraite, ce qui facilitera bien les choses pour entrer dans une annonce respectueuse mais franche de l’Evangile. Vous remarquerez que cette prédication date de 2012… et que, 10 ans plus tard, nous ne constatons pas d’engagement significatif de l’Eglise réformée pour l’évangélisation…
Pourquoi avoir peur de mettre nos compatriotes au courant d’une bonne nouvelle ? Pourquoi avoir peur de les inviter à une conversion ? Jésus est mort sur une Croix à notre place ! Car devant Dieu nos révoltes, nos doutes, nos abandons, notre autosuffisance, notre mépris de sa parole, notre orgueil ne méritent que le jugement le plus sévère, à savoir la mort ! Mais il a été jugé, condamné, mis sur une Croix, lui le Fils de Dieu pour chacun de nous. Si tu lui fais confiance, si tu t’attaches à lui non seulement tu bénéficieras d’un pardon pour toujours, d’une grâce pour toujours, mais ce pardon, cette grâce travailleront à tel point ton cœur que pas à pas tu vivras des transformations étonnantes ! Attache-toi à celui qui t’aime et qui est mort à ta place, écoute sa parole, prie-le ! Il a commencé une œuvre en toi, une œuvre extraordinaire et il l’achèvera. Ce qu’il a commencé, il l’achève toujours.
Voilà la bonne nouvelle, voilà le message qu’il faut annoncer.
Et si toute une Eglise, si de nombreuses paroisses doivent prendre du temps pour changer de cap, toi, moi, nous pouvons vivre ce virage aujourd’hui.
Aimons
Prosélytisme, quel vilain mot, ne trouvez-vous pas ! Voici comment le dictionnaire Larousse le définit : « Zèle ardent pour recruter des adeptes, pour tenter d’imposer ses idées. »
Chers amis, vous ne risquerez jamais de « faire du prosélytisme » si vous mettez en pratique le 3ème A de l’ordre missionnaire de Jésus : « Ils chasseront les esprits mauvais, ils parleront des langues nouvelles… Ils poseront les mains sur la tête des malades, et les malades seront guéris. »
Chassons les mauvais esprits et amenons la lumière là où règnent les ténèbres, l’amour là où il y a la discorde, la joie là où il y a la tristesse, la paix là où il y a la guerre.
Parlons des langues nouvelles, apprenons la langue de notre interlocuteur, laissons le Saint Esprit nous introduire dans le monde, dans les problèmes, dans les joies aussi de ceux que nous allons rencontrer. Ecoutons avant de parler, efforçons-nous de comprendre avant de partager nos idées.
N’imposons ni nos idées, ni nos gestes, mais apprenons à poser des actes d’amour… si le Seigneur réclame nos mains pour une œuvre de guérison, offrons-lui nos mains.
Conclusion
Une promesse magnifique nous est donnée à la fin de l’Evangile de Marc !
« Le Seigneur travaille avec eux et il leur donne le pouvoir de faire des choses étonnantes… ». Obéissons et laissons le Seigneur nous étonner ! Rien n’est plus beau que de voir le Seigneur à l’œuvre dans les vies de ceux pour lesquels nous prions.
Mais pour terminer il est important de souligner encore un point !
Pour déborder il faut être plein !
Pour proclamer la Bonne Nouvelle il faut qu’elle remplisse notre cœur.
Pour travailler avec nous, pour faire des choses étonnantes, le Seigneur s’attend à ce que nous soyons rempli de l’Esprit Saint !
Dans ce temps de l’Ascension soyons donc ouverts, les cœurs grands ouverts à la venue de l’Esprit.
Questions pour les groupes de partage
L’ordre de mission donné par Jésus aux siens tel que Marc nous le transmet peut se résumer dans ces trois impératifs :
Allons – Annonçons – Aimons
1.- En quoi le premier impératif me concerne-t-il ?
D’abord au niveau de la prière lorsque je prends au sérieux la demande de Jésus : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le propriétaire de la moisson d’envoyer davantage d’ouvriers dans sa moisson. » (Matth.9-37-38)
Ensuite au niveau de l’envoi ! Autrefois ceux qui partaient en mission se rendaient dans des pays lointains. Aujourd’hui toutes les nations sont venues à nous au travers des flux migratoires. Serais-je appelé à témoigner de ma foi à tel ou tel étranger habitant près de chez moi ?
2.- Le second impératif doit me conduire à affirmer, avec respect, mais aussi avec audace que le Christ est le seul chemin qui conduit au salut éternel ! Quelles sont les difficultés que j’éprouve à dire clairement cette Bonne Nouvelle ! Demandons à Dieu de les surmonter !
3.- Aimer : c’est amener la lumière là où règnent les ténèbres, l’amour là où il y a la discorde, la joie là où il y a la tristesse, la paix là où il y a la guerre ! Je vous invite, dans la prière, à intercéder pour telle ou telle personne qui se trouve en difficulté. Vous demanderez au Seigneur de vous inspirer afin de lui venir en aide.
Guy Chautems
[1] « L’avenir des réformés » de Jörg Stolz et Edmée Baillif – Labor et Fides – (éd.originale all. 2010) ;
Turbulences – les Réformés en crise – Editions Ouverture – Le Mont-sur-Lausanne – 2012 ;
Le temps presse – de Virgile Rochat – Labor et Fides – 2012.
[2] Je pense que nous avons tous vu ces jachères de nos campagnes parfois étonnantes, tellement elles sont fleuries. Elles sont indispensables pour maintenir dans notre pays la diversité de la vie.