Chères et chers membres et sympathisants du R3,
Le Centre culturel des Terreaux, financé en partie par l’EERV, proposait pour la Toussaint un cycle de conférences qui encourageait la recherche de communication avec les défunts. Il nous a semblé important de réagir à cette dérive, d’autant plus que cela se passait dans une ancienne Église libre.
Vous trouverez donc – ci-dessous – deux documents :
1) Une lettre adressée à M. Jacques Besson, président du Conseil de fondation des Terreaux. Nous vous encourageons à la signer et à l’envoyer par la poste (l’adresse figure dans la lettre) ou par courriel : administration@terreaux.org Avec copie au président du conseil synodal : philippe.leuba@eerv.ch
2) Une lettre adressée au Synode et au conseil synodal de l’EERV qui est déjà signée. Elle n’a pas à être envoyée ; nous la portons simplement à votre connaissance.
Priez avec nous pour que cette démarche de protestation porte des fruits.
Le comité du R3
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M. Jacques BESSON
président du Conseil de Fondation
des Terreaux
Rue des Terreaux 14
1003 Lausanne
Le 6 novembre 2025
Cher Monsieur,
J’ai reçu le programme du Centre culturel « Les Terreaux » avec le dernier numéro de Réformés. En le
parcourant, j’ai été très surpris de constater que plusieurs conférences traitent explicitement de la
communication avec les morts.
En tant que scientifique, la liberté académique vous donne naturellement la possibilité d’explorer
toutes les dimensions de la réalité. Mais le lieu dans lequel ont lieu ces conférences n’est pas neutre.
L’église des Terreaux fut le « navire amiral » de l’Église libre, bâti par des Vaudois du Réveil dont la foi
reposait sur l’autorité de la Bible et le rejet du laxisme doctrinal. Ces chrétiens, fidèles à l’Écriture
(Deutéronome 18 :10-12), auraient combattu toute recherche de communication avec les défunts.
N’avons-nous pas a_aire ici à une profanation de la mémoire de ceux dont l’EERV prétend honorer
l’héritage (cf. la fusion de l’Église libre et de l’Église nationale en 1966) ?
Les libristes ne sont pas les seuls à prendre au sérieux l’interdiction de telles pratiques. De nombreux
chrétiens d’aujourd’hui, dans l’Église réformée comme dans d’autres Églises, sont choqués
d’apprendre qu’une fondation, largement financée par l’EERV (à hauteur de 275’000 CHF sauf erreur)
encourage les « techniques de communication avec les défunt.es » (pour reprendre le titre de la
conférence de Mme Virna Signorelli). En utilisant un lieu réformé pour répandre de telles idées, vous
brouillez les pistes et induisez les gens en erreur.
Pour la Bible, la communication avec les morts existe bel et bien. Mais elle est interdite parce que
dangereuse. L’Évangile est une parole de vie et son enracinement biblique repose sur le « choisis la
vie » du Deutéronome. Ce cycle de conférences est révélateur d’un type de rapport à la mort qui
s’éloigne de cette vision biblique centrée sur la vie.
Les réformateurs ont posé des actes forts pour sortir la foi chrétienne d’un rapport médiéval à la mort
qui s’était écarté de la Bonne Nouvelle. Pour rappel, dans la première tradition réformée, les corps
étaient enterrés avant le rassemblement dans le temple pour un temps centré sur les vivants et pas
sur le défunt. Le service funèbre, même dans sa forme actuelle où le cercueil est présent, se
distingue de la célébration catholique en ne cherchant aucunement à influer sur le sort du défunt au
travers de rites ou de prières. Ce que les Terreaux proposent est donc une rupture avec l’héritage
protestant qui, enraciné dans la foi en la résurrection, est une a_irmation du Dieu de la vie.
En vous priant de respecter à l’avenir les convictions chrétiennes dans ce bâtiment réformé, je vous
adresse mes sincères salutations.
Copie de cette lettre sera adressée au Conseil synodal (par son président) : philippe.leuba@eerv.ch
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À l’attention de Monsieur le Président et des membres du Conseil synodal
À l’attention de Madame la Présidente et des membres du Synode de l’Église
Évangélique Réformée du canton de Vaud (EERV)
Novembre 2025
Objet : Interpellation sur la subvention au Centre culturel des Terreaux – une double
contradiction théologique et financière
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil synodal et du Synode,
Nous vous interpellons au sujet du financement par l’EERV du Centre culturel des Terreaux,
à hauteur de 275’000 francs par an. Cette subvention, issue de l’enveloppe globale de
l’État (33 millions) et des contributions des paroisses réformées (3 millions), soulève des
questions de cohérence fondamentales qui dépassent largement le cadre interne de notre
Église.
- La contradiction historique : l’héritage de l’Église libre
- Le bâtiment des Terreaux n’est pas un lieu anodin. Il fut le symbole de l’Église libre, bâti
par des Vaudois du Réveil dont la foi reposait sur l’autorité de la Bible et le rejet du laxisme
doctrinal. Pourtant, ce lieu érigé pour la défense de l’orthodoxie biblique est aujourd’hui
utilisé pour promouvoir une programmation (ex : « Toussaint’s Festival ») proposant
notamment des « techniques de communication avec les défunts ». - Alors qu’il est parfaitement légitime que des chercheurs universitaires étudient de manière
critique les spiritualités contemporaines et que des théologiens et pasteurs essaient
d’accompagner au mieux les personnes endeuillées, ici une frontière est franchie. Il s’agit
de spiritisme, une pratique que les fondateurs des Terreaux, fidèles à l’Écriture (par ex.
Deutéronome 18 :10-12), auraient vivement combattue. N’avons-nous pas affaire ici à une
profanation, dans ce lieu hautement symbolique, de la mémoire de ceux dont l’EERV
prétend honorer l’héritage (cf. la fusion de l’Église libre et de l’Église nationale en 1966) ?
- Le bâtiment des Terreaux n’est pas un lieu anodin. Il fut le symbole de l’Église libre, bâti
- La contradiction contemporaine : les autres Églises chrétiennes
- Cette programmation n’est pas seulement en opposition frontale avec les fondateurs. Elle
l’est tout autant avec l’enseignement unanime des autres grandes traditions chrétiennes
présentes dans le canton. - L’Église catholique, les Églises orthodoxes et les Églises évangéliques, qui condamnent
toutes formellement le spiritisme, représentent aujourd’hui près de 300’000
personnes dans le canton de Vaud (env. 236’000 catholiques, 24’000 orthodoxes et
38’000 évangéliques). La « communion des saints », selon les traditions chrétiennes, est
fort différente. Elle n’invite pas à communiquer directement avec les défunts.
- Cette programmation n’est pas seulement en opposition frontale avec les fondateurs. Elle
- La contradiction financière : l’argent des contribuables
- La subvention de 275’000 CHF versée aux Terreaux provient notamment de la subvention
d’État de 33 millions de francs à l’EERV, financée par tous les contribuables (estimation
500’000 personnes versant 66CHF par année).
Par le jeu d’impôt cantonal, les quelque 300’000 chrétiens non réformés du canton
participent involontairement au financement de pratiques que leur foi rejette fermement.
Et cela à hauteur de presque 90’000 CHF1.
- La subvention de 275’000 CHF versée aux Terreaux provient notamment de la subvention
Nos questions
En tant qu’organes dirigeants de l’EERV, vous êtes les gardiens de la légitimité de
l’utilisation de ces fonds publics.
- Madame la conseillère synodale Laurence Cretegny est membre du Conseil de
fondation du CCT. Comment le Conseil synodal justifie-t-il, moralement et
théologiquement, l’utilisation de l’argent public – y compris celui de 300’000
chrétiens d’autres confessions – pour financer la promotion du spiritisme et des
conférences très à l’écart de la grande tradition chrétienne ? - Le Synode, en validant ce budget, mesure-t-il qu’il cautionne non seulement
l’infidélité à l’héritage de l’Église libre, mais aussi une offense aux autres Églises
chrétiennes du canton ? - Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour mettre fin à cette situation
contradictoire qui déshonore un lieu historique et utilise l’argent de tous pour
promouvoir des pratiques ésotériques ?
Dans l’attente de vos réponses, ou de vous rencontrer, et en nous réservant la liberté de
prendre contact avec des médias, nous vous prions de recevoir, Mesdames et Messieurs,
nos meilleures salutations.
Shafique Keshavjee (théologien, ancien Constituant)
Jacques-André Haury (député au Grand Conseil vaudois)
Vincent Lafargue (prêtre catholique romain)
Christian Reichel (pasteur évangélique)
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- Nombre d’habitants dans le canton de Vaud : 855’700 dont 500’000 contribuables effectifs. Somme totale versée
aux deux Églises reconnues : env. 63 millions (33 millions à l’EERV et 30 millions à la Fédération ecclésiastique
catholique romaine du Canton de Vaud). Réparti sur les 500’000 contribuables effectifs, chacun verse en moyenne,
quelles que soient ses convictions, 66 CHF par année aux réformés et 61 CHF par année aux catholiques romains. Si
nous répartissons les 275’000 CHF versés au CCT sur les 855’700 habitants, cela donne le montant approximatif de
32 centimes par personne. Appliqué aux quelque 300’000 chrétiens d’autres confessions, nous arrivons aux 90’000
CHF indiqués (environ 75’000 CHF pour les catholiques, 12’000 CHF pour les évangéliques, 7’000 CHF pour les
orthodoxes). Les chiffres doivent être un peu nuancés, car la subvention au CCT est aussi prise sur les 3 millions
venant des paroisses réformées. ↩︎